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Le monde dans lequel on vit aujourd’hui me laisse perplexe et ne
m’invite pas souvent à l’optimisme.
Journal télévisé après journal télévisé, reportage après reportage,
la question se fait toujours plus pressante : le genre humain est-il
vraiment aveugle au point de ne pas se rendre compte qu’il court à sa propre
perte ?
A chaque nouvelle découverte, à chaque nouvelle avancée, la beauté et
l’émerveillement qu’elles suscitent cèdent peu à peu la place à une
inquiétude toujours plus poignante.
A chaque nouvelle technologie, j’avale ma bile en imaginant ses
usages détournés.
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The world we live in
today puzzles me and doesn’t often encourage me to be optimist.
Television news
after television news, reportage after reportage, the question becomes even
more insistent: is humankind too blind to realize they are on the road to their own ruin?
At each new
discovery, at each new advance, the beauty and wonders such things arouse
little by little give way to worries ever more so harrowing.
At each new
technology, I swallow my bile picturing their misappropriate uses.
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Un simple exemple.
A l’invention de l’imprimante 3D, si à côté de moi on s’enthousiasmait
devant la prouesse technique, la première chose à me traverser l’esprit
était : encore un moyen de se procurer un flingue !
Flippant, non ?
Ca n’a pas loupé, quelques temps après, un étudiant texan faisait la
Une : Cody Wilson (triste membre du top 15 des individus les plus
dangereux au monde, rien que ça !) créait le premier modèle d’arme à feu
3D.
Un nouveau moyen de se procurer une arme à moindre coût dans un pays
où le port d’arme est un droit constitutionnel, tellement ancré dans la
culture américaine qu’il serait impensable de vouloir même tenter de l’amender.
Barack Obama en a fait les frais et a évoqué un examen de conscience
national. Il considère son échec face au Congrès comme la plus grande
frustration de sa présidence.
Les autres applications de l’imprimante 3D – pratiques au quotidien, médecine,
architecture, art – sont venues après.
Je n’ai vu que le négatif en premier.
Je m’efforce à ne pas sombrer dans le pessimisme. J’estime être
réaliste, mais la réalité actuelle est flippante. Le potentiel bénéfique est
là, bien présent, c’est indéniable. Le potentiel néfaste l’est tout autant,
si ce n’est plus de par la nature belliqueuse de l’homme.
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One mere example.
At the invention of
the 3D printer, if next to me they were getting very enthusiastic about the
technological feat, the first thing to cross my mind was: another way to get
a gun!
Creepy, huh?
And sure enough, it
happened. A little while later, a Texan student made the headlines: Cody
Wilson (sad member of the top 15 of the most dangerous people in the world, no
less!) created the first 3D printable firearm.
A new way to get a
weapon cheaply in a country where carrying a gun is a constitutional right,
so deeply rooted into the American culture that it would be unthinkable to want
to even attempt to amend it.
Barack Obama bore
the brunt of it and evoked a national soul-searching. He deemed his failure in
the face of Congress his biggest frustration as President.
The other
applications of the 3D printer – every day uses, medicine, architecture, art
– came afterwards. I only saw the negative aspect at first.
I force myself not
to sink into pessimism. I consider myself to be realistic, but the current
reality is a real downer. The beneficial potential is here, that’s
undeniable. So does the noxious potential, even more so with the bellicose
nature of mankind.
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S’il existe un Dieu, si comme on me l’a asséné au catéchisme, Il a
créé l’Homme à Son image, pourquoi l’avoir créé ? Pourquoi donner
naissance à une créature incapable d’apprécier, à quelques exceptions près,
la beauté du monde qui l’entoure ? Incapable de coexister avec l’autre ?
Incapable d’appréhender les possibles conséquences de ses obsessions ?
D’ailleurs, au passage, rétablissons un peu un semblant de vérité.
Le Déluge n’est pas un récit hébraïque mais sumérien, il s’agit en
fait d’une partie de l’œuvre littéraire la plus ancienne de l’humanité –
tablette XI de l’Epopée de Gilgamesh, découverte et déchiffrée en 1872 par
George Smith (1840-1876) du British Museum.
Récit de l’ancienne Mésopotamie (actuelle Irak), vers 700 av. J.-C.,
la première version complète rédigée en akkadien remonte à 18ème
siècle av. J.-C., l’Epopée de Atrahasis, elle-même inspirée de plusieurs poèmes
sumériens du 3ème millénaire av. J.-C., centrée autour du
personnage Gilgamesh, cinquième roi de la première dynastie d’Uruk, qui
provoqua la colère des dieux dans sa quête à l’immortalité. Gilgamesh aurait
vécu aux alentours de 2700 av. J.-C..
Digression à part, voilà bien la source de ma présente
nostalgie : l’immortalité.
Etrange madeleine de Proust me direz-vous.
Certes.
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If a God does exist,
if as I was told at Sunday school, He created Mankind in His own image, why
creating them? Why give birth to a creature unable to appreciate, with a few
exceptions, the beauty of the world surrounding them? Unable to coexist with the other? Unable to grasp the
possible consequences of their obsessions?
Anyway, in passing,
let’s reestablish a little semblance of truth.
The Flood is not an Hebraic
narrative but a Sumerian one, it’s actually part of the most ancient work of
literature of humankind – tablet XI if the Epic of Gilgamesh, discovered and deciphered
by George Smith (1840-1876) of the British Museum.
Narrative of the
ancient Mesopotamia (current Iraq), circa 700 BC, the first complete version
written in Akkadian dates back to the 18th century BC, the Epic of
Atra-Hasis, itself inspired by numerous Sumerian poems of the 3rd
millennium BC, focused around Gilgamesh, fifth king of the first Uruk
dynasty, who aroused the gods' wrath in his search for immortality.
Gilgamesh is said to have lived circa 2700 BC.
Digression aside,
here is the very source of my present melancholia: immortality.
Strange madeleine of
Proust I hear you say.
Indeed.
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15 ans plus tôt – Cesson-Sévigné, Lycée Sévigné le bien nommé.
A l’occasion du Printemps des poètes, le lycée proposait d’exposer
les œuvres d’élèves qui souhaitaient participer. Certaines de mes premières
suites de mots se sont ainsi retrouvées placarder à droite à gauche. Des
proses principalement sur Mère Nature, la mort et le souvenir, rien de
transcendant, mais premiers regards étonnés et compliments de tiers et
premiers instants de fierté pour quelques mots alignés.
Je me souviens d’une conversation avec mon prof d’SVT – Monsieur Boëdec
– trentenaire passionné par sa matière, jamais à court d’anecdotes, le genre
de profs qu’on adore.
Le couloir était quasiment vide ; je devais sûrement griffonner
quelques mots sur un cahier.
Il devait avoir lu quelques unes de mes suites de mots parce que
l’une de ses premières questions concernait mon choix de filière :
pourquoi la filière scientifique et non la filière littéraire ?
Réponse toute simple : j’aimais les sciences et si je dévorais
de plus en plus de livres (à commencer par Asimov et la trilogie de Tolkien dévorée
en moins d’une semaine et dont l’adaptation du
premier volet venait tout juste de sortir au cinéma), je n’avais découvert Charles
Baudelaire et mon goût pour la langue française que cette même année – merci
Madame Windenberger.
Sans compter que choisir une filière littéraire cela voulait dire,
plus d’SVT, plus de physique-chimie, moins de maths, reprendre le latin,
commencer la philo et commencer le grec ou une troisième langue vivante, tout
ça en plus de l’espagnol et de l’anglais. Et les langues, à l’époque, c’était
pas mon truc du tout, mais alors, pas du tout.
A cela, il m’a raconté que pour lui c’était pareil mais qu’à l’époque
il écrivait des histoires pour le journal du lycée.
Puis il m’a demandé si j’avais envie d’écrire un roman un jour ou si
je voulais juste écrire des poèmes. Ce à quoi j’ai répondu que si un jour
j’écrivais un roman cela serait de la science-fiction, que c’était mon dada
mais que je n’avais pas d’idée, pas pour un roman.
Il m’a alors rétorqué que ce n’était pas le seul genre, qu’il y avait
aussi la romance. Je crois que j’ai dû lui couper la parole et dire que
c’était pas vraiment mon truc, que c’était pas un truc que je lisais et que
je ne me voyais pas vraiment en écrire, que si j’en écrivais, cela serait
sous forme de poème, rien d’autre.
Je me souviens qu’il a souri et qu’il m’a répliqué que je ne devais
pas me braquer, que les histoires d’amour n’étaient pas nécessairement
synonymes d’histoires à l’eau de rose, que les filles n’étaient pas toujours
des princesses en détresse.
Ce qu’il s’est dit ensuite, je ne m’en souviens plus. Il m’a
encouragée à continuer, mais au-delà
de ça, trou noir.
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15 years ago –
Cesson-Sévigné, the aptly named Lycée Sévigné.
On the occasion of
the Printemps des poètes, the high school offered the students who wanted to
participate to expose their works. Some of my first series of words thus
ended up plastered here and there. Mostly proses about Mother Nature, death
and remembrance, nothing fancy, but first amazed looks and compliments from strangers
and first prideful moment for a few words aligned.
I remember a
discussion with my bio teacher – Mr. Boëdec – thirty-year-old passionate
about his field, never short of anecdotes, the kind of teachers you adore.
The corridor was almost
empty; I certainly must have been scribbling down a few words on a notebook.
He must have had
read some of my series of words because one of his first questions was about
my subjects choice: why the scientific subjects and not the literary
subjects?
Answer quite simple:
I loved science and even though I was devouring book after book (starting
with Asimov and the Tolkien's trilogy devoured in less than a week and of which first part adaptation only just came out on
theater), I only just discovered Charles Baudelaire and my taste for the
French language this very same year – thank you Mrs. Windenberger.
Not to mention that
choosing the literary subjects meant no more bio, no more chem., less maths,
resuming Latin, starting philosophy and starting Greek or a third modern
language, all of this on top of Spanish and English. And languages, at the
time, those were not, really not, my thing at all.
To this, he told me
that it was the same for him but that at the time he was writing for the school
paper.
Then he asked me if one
day I wanted to write a novel or if I only wanted to write poems. To which I
answered that if one day I ever wrote a novel, it would be about science fiction,
that this was my hobby-horse but that I had no idea, none for a novel.
He then retorted to
me that it wasn’t the only genre, that there was also romance. I think I must
have cut him short and said that it wasn’t my thing, that it wasn’t something
I read and that I didn’t really see me writing about it, that if I ever wrote
about it, it would be in the form of a poem and nothing else.
I remember him
smiling and retorting that I shouldn't be dead set against it, that love stories
were not necessarily synonymous with slushy stories, that girls were not
always princesses in distress.
Of what was said
afterwards, I can’t remember. He encouraged me to carry on, but beyond that,
zip.
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Il y a 15 ans, l’écriture c’était nouveau.
Presque.
En tout cas, je ne m’imaginais pas être publiée un jour, de quelques
manières que ce soit ; encore moins que le premier texte publié serait
une nouvelle centrée sur un amour non partagé.
Ceci dit, si la pseudo-suite de Rêve… prend des allures de nouvelle
gothique flirtant avec le fantastique, je reste persuader que mon premier
roman, si roman il y a, dégoulinera de science-fiction.
Et à notre époque, y’a de quoi faire.
Un récent reportage sur l’immortalité tant convoitée par l’homme m’a
plongée dans une réflexion par très réjouissante.
Mon imagination s’est un peu emballée.
Vous le savez déjà si vous me suivez depuis un moment, les robots et
l’intelligence artificielle ne se rassurent pas énormément. Loin de là.
Et depuis ce reportage, depuis que certains scenarii catastrophes se
sont formés, je me dis que j’ai matière à en tirer un roman, ou même
plusieurs. Sauf que, je doute en écrire un, du moins pour le moment, la
nouvelle reste ma forme de prédilection.
La seule fois que j’ai écrit un truc qui s’apparentait à de la
science-fiction, je devais être au collège. J’avais imaginé une piscine dont
le fond réagirait en fonction de la personne qui y nagerait, qui détecterait
les mouvements de panique et qui s’adapterait immédiatement au nageur pour
qu’il ait pied.
Mon prof de français de l’époque m’avait dit que j’avais trop d’imagination
et d’être un peu plus sensée.
Quand on sait qu’aujourd’hui, il existe des piscines à fond mobile, innovation française, je me dis que mon
trop-plein d’imagination n’est peut-être pas si à côté de la plaque que ça,
que mon idée futuriste pourrait très bien devenir une réalité d’ici quelques
années.
Alors, quand mon imagination invente des scenarii catastrophes,
l’épisode de la piscine ne rassure pas vraiment.
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15 years ago,
writing was new.
Sort of.
In any case, I didn’t
picture myself being published one day, in whichever way may be; even less
that the first published text would be a short-story focusing on an unshared
love.
That being said, if the
pseudo-sequel of Rêve… takes on an air of a Gothic short-story flirting with
the Fantastic, I remain convinced that my first novel, if novel there is, will
be dripping of science fiction.
And nowadays, there’s
plenty to go by.
A recent reportage about
the immortality so coveted by man got me immersed in not so much delightful
thoughts.
My imagination got a
tiny bit carried away.
If you have been following me for a while, you already know about it, robots and artificial intelligence don’t really put my mind at ease. Far from it.
And since this
reportage, since the formulation of some disastrous scenarii of mine, I think
there is material enough for a novel, or even more. Except that I doubt
writing one, at least at the moment, the short-story still remains my writing
form of choice.
The only time I
wrote something that resembled science fiction, I must have been in high
school. I had pictured a pool the floor of which would react accordingly to
the person in it, the floor of which would detect panic motions and adapt
right away for the swimmer to be able to touch the bottom.
At the time, my
French teacher said that I had too much imagination and that I should be a
little more reasonable.
When you know that
today exit pools with movable floor, French innovation, I think that maybe my
overflowing imagination wasn’t so much far off the mark, that my
futuristic idea could very well be a reality within the few years to come.
So, when my
imagination creates disastrous scenarii, the pool episode doesn’t really put
my mind at ease.
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L’homme court à sa perte dans l’indifférence la plus générale, du
moins dans l’indifférence du plus grand nombre.
Mais le Déluge à venir ne me semble pas si éloigné que cela. Qu’on s’entende
bien, le Déluge n’a pour moi qu’une valeur métaphorique mais il va bien avoir
lieu. Tôt ou tard, et je crains que cela ne soit plus tôt que tard.
Et il ne faudra pas aller pleurer dans les jupes de votre Dieu. Ce qu’il
va se produire, ce qu'il est déjà en train de se produire, n’a strictement rien à voir avec Dieu
ou Son divin courroux, mais tout à voir avec la connerie bassement humaine…
Mes idées de nouvelles axées science-fiction me donnent parfois la
chair de poule.
Affaire à suivre, mais vous pourriez peut-être bientôt en voir les
premiers mots.
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Mankind is on the
road to ruin in the utmost general indifference, at least in the indifference
of the vast majority.
But to me, the
Deluge to come does not seem that far away. Let’s be clear, the Deluge only
has a metaphorical value to me, but it will come to pass. Sooner or later,
and I fear it would be sooner rather than later.
And there would be no
use to weep and tie to your God’s apron strings. What is about to happen,
what is already happening, has nothing to do with God or His divine wrath, but
everything to do with the shamefully human stupidity…
My science-fiction-focused
new ideas give me goosebumps.
Wait and see, but
you could be seeing soon the first words of these ideas.
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