My Novelette (excerpts)


Extrait #1

Excerpt #1

Je suis dans mon salon, assise sur le canapé, jambes étendues en appui sur la table basse. Bloc. Stylo. J'écris. Ecriture rapide et penchée. Caractères aux formes atrophiées et étirées. Désespoir d'une femme qui se jette sur l'écrit pour se libérer. Des mots jetés sur le papier pour extérioriser. Ma nervosité est palpable.
Je finis ma phrase et fais tourner le stylo entre mes doigts.
Enième relecture de ce début de texte.
Soupir de frustration.
Nul !
C'est nul !
C'est complètement nul !

J'arrache la feuille noircie d'annotations, la froisse et la jette d'un geste rageur contre le mur en face de moi. Encore une !
Je regarde la boule de papier venir s'ajouter au tas qui s'amoncelle à côté de la bibliothèque.
Je n'arrive même plus à aligner deux phrases potables !

Je prends un temps, ferme les yeux et tente de me calmer – profonde inspiration.
Inutile de persister, je n'arriverai à rien ce soir. Ce soir encore. Ce soir comme tous ceux qui ont précédé. Enième tentative. Pourquoi s'acharner à vouloir écrire cette histoire alors que rien de décent ne sort sous mon stylo, la réponse est toujours la même : j'en ai besoin.
Sourire amer.
J'en ai besoin pour avancer et tourner la page. Et je me dis que je n'ai jamais pris autant de temps pour tourner une foutue page. C'en est presque risible.

J'essaye de me focaliser sur ma respiration.
Penser à autre chose. Ne plus penser à elle. Ne plus penser à cette journée. Cette unique journée avec elle – poings fermés contre le front – se focaliser. Contenir cette frustration. Ne pas la laisser explos…

MERDE !

Un cri.
Il m’a échappé.
Je n'ai pas pu le contrôler.
Cela devait sortir.
Ne pas le garder au fond de moi.
Il fallait que cela sorte.
Chute vertigineuse – impression de perdre pied.
Je perds pied.
Je ne sais plus du tout où j'en suis.
Je me bats entre raison et sentiments. Mais ce combat est inégal. La première est écrasée, elle peine à se relever, elle peine à s'imposer aux seconds. Lutte de tous les instants. Lutte acharnée que je mène depuis cette nuit-là. Lutter pour ne pas tomber. Lutter pour accepter... Enfin.

Je repense à ce poème que je t'ai écrit, à la dernière partie :

"[...] Guerre froide qui échauffe les esprits.
Je dois me faire une raison et occulter ces sentiments.
Je dois faire face à la réalité et tourner le dos à cette folie. [...]"

I’m in my living room, sitting on the couch, legs stretched out before me and resting on the coffee table. Notepad. Pen. I’m writing. Handwriting – swift and askew. Letters – atrophic and elongated. Despair of a woman who dives into her writing to get away. Words thrown on paper to externalize. My edginess is palpable.
I complete my sentence and spin the pen around my fingers.
Umpteenth reread of this beginning of text.
Sigh of frustration.
Lousy!
It’s lousy!
It’s completely lousy!

I rip the scribbled sheet out, crumple it and angrily throw it against the opposite wall. One more!
I’m gazing at the rolled-up piece of paper piling up in a heap besides the bookcase.
I can’t even line up two decent sentences!

I pause a moment, close my eyes and try to calm down – deep inspiration.
There’s no pushing it. I won’t accomplish a thing tonight. Tonight yet again. Tonight, as every preceding night. Umpteenth attempt. Why I keeping on writing this story when nothing decent is flowing out of my pen, the answer is always the same: I need this.
Bitter smile.
I need this to move on and turn the page. Yet, it occurs to me I’ve never spent so much time to turn one fricking page. I could almost find the humor in this.

I try and focus on my breathing.
Thinking about something else. No more thinking about her. No more thinking about that day. That one and only day with her – tight fists against my forehead – focusing. Containing this frustration. Not letting it explode…

SHIT!

A shout.
It just slipped out.
I couldn’t hold it back.
It had to get out.
It mustn’t be kept deep down inside me.
It has to get out.
Vertiginous fall – feeling like getting out of my depth.
I am out of my depth.
I don’t know where I stand anymore.
I’m engaged in a battle with sense and sensibility. Yet, the fight is uneven. The former is overwhelmed, it has trouble getting off the ground, it has trouble imposing itself on the latter. A perpetual struggle. A fierce struggle I’ve been waging since that very night. A struggle not to crumble. A struggle to accept… At last.

I’m thinking again about this poem I wrote you, about the last part:

“[…] Cold war that sets minds on fire.
I have to quit trying to make sense out of it and conceal this sensibility.
I have to face reality and turn my back on this madness. […]”


Extrait #2
Excerpt #2

Je porte une nouvelle fois Miss Lucky aux lèvres. Je l'envie presque. Elle, au moins, peut se consumer pour celle qui l'embrase. Même si elle ne le fera jamais qu'une seule et unique fois.

Oui. Miss Lucky aura été plus chanceuse que moi. Je l'embrasse une dernière fois et la fait voler d'une chiquenaude sur le trottoir d'en face.

Finalement non. Je suis la plus chanceuse.
I once again bring Miss Lucky to my lips. I am only just envious of her. At least, she is liable to be consumed by the one setting her on fire; even though she will ever be but this one and only time.

Yes indeed. Miss Lucky will have been much luckier than I. I kiss her one last time and flick her flying to the sidewalk across the street.

Actually, no. I am the luckiest.




Extrait #3
Excerpt #3

Une de nos toutes dernières conversations me revient, surtout un passage. Ce texte. Le premier que l'on m'ait écrit :

*Tu mérites bien mieux que moi
Quelqu'un de libre, prêt à recevoir ton amour

Quand tu prononces ces trois mots
Mon cœur se brise
Jamais je ne pourrai y répondre

J'ai essayé de reprendre mon souffle mais je m'étouffais déjà
Pourquoi m'as-tu choisie ?
Je ne suis pas celle qu'il te faut

Mais égoïstement
Je garde ton sourire et tes yeux en mémoire
Et je m'en vais avec ton amour qui me réchauffe le cœur

Je me souviens avoir fondu en larmes. Elle vaut bien plus qu'elle ne le croit. C'est l'une des premières pensées qui m'ait traversé l'esprit à ce moment-là. Je n'ai pas dû mettre plus de cinq minutes pour lui écrire une réponse à ce texte. Une réponse à chaud, une réponse à fleur de peau :

*Je ne sais pas ce que je mérite, Bébé
Comment le saurais-je quand personne ne veut de cet amour ?

Quand tu me parles d'elle
Mon cœur se brise
J'aimerais seulement prendre sa place dans le tien

Avec toi, j’essaye de faire bonne figure mais rien y fait
Pourquoi ne peux-tu m'aimer ?
J'aimerais tellement être celle qu'il te faut

Mais malheureusement
Je garde ton sourire et tes yeux en mémoire
Et je m'en vais avec cet amour qui me déchire le cœur


One of our very last conversations comes to mind, one passage mostly. This text. The first someone ever wrote me:

You deserve much better than me
Someone free for your love

When you're saying those three words
My heart breaks down
I could never say it back to you

I tried to catch my breath but I was already choking
Why have you chosen me?
I'm not good for you

But selfishly
I keep your smile and your eyes in my memory
And I go away with your love which warms me up

I remember dissolving into tears. She is worth so much more than she thinks. That is one of the first things that had crossed my mind at this time. I mustn’t have taken than five minutes to write an answer to this text. An answer in the heat of the moment, an hair-trigger answer:

I don't know what I deserve, Baby
How could I know when no one wants this love?

When you're talking about her
My heart breaks down
I just wanna take her place in yours

I tried to pull myself together in front of you but I can't
Why can't you love me?
I so wanna be the one for you

But unfortunately
I keep your smile and your eyes in my memory
And I go away with this love which tears me apart


* Poèmes en anglais dans le texte original, directement traduits ici par simple question pratique. Ces traductions sont données en annexe à la fin de la suite de mots.

Poèmes inspirés de la chanson BetterThan Me de Hinder.
* Poems in English in the original text, translated here only out of practical sense. These translations are appended at the end of the series of words.

Poems inspired by the song BetterThan Me by Hinder.




Aucun commentaire: