26 oct. 2014

[Fr] De provocation et d’élégance ¤ [En] Of Provocativeness and Elegance

Capture Clip Libertine ¤ DVD Mylène Farmer Music Videos

[Fr]
[En]

Je me souviens d’une scène en temps très très longtemps où, pas plus haute que trois pommes assises, les fesses dans un fauteuil club bien douillet mais au tissu blanc à fleurs bien laid, je me déchirais les cordes vocales à chanter à tue-tête un refrain de Mylène Farmer :

Je je, suis libertine
Je suis une catin
Je je, suis si fragile
Qu'on me tienne la main
(Paroles de Laurent Boutonnat)

Je serais bien incapable de resituer cette scène dans le temps – une seule chose de sûre, c’était fin des années 80 début des années 90.
Evidemment, à cette époque-là, je ne comprenais pas vraiment ce que je chantais – on se gardait bien de m’expliquer les paroles – je savais juste que ça faisait sourire les adultes autour de moi. On se demande bien pourquoi.

Ce n’est que quelques années plus tard que, la curiosité aidant, je me suis mise à décortiquer les paroles un dictionnaire à porté de main. Un de mes instituteurs m'avait fait comprendre via La Corrida de Francis Cabrel qu'il pouvait il y avoir autre chose qu'une simple histoire derrière les paroles d'une chanson (cf. ici).

Première rencontre : les albums Cendres de LuneAinsi soit je… avec Libertine Sans contrefaçon.

I have this recollection of a scene in time long long ago where, not much higher than knee-high to a sitting grasshopper, the bottom snug and cosy in a large armchair with an ugly lining white and flowery,  I was hurting my vocal cords singing at the top of my lungs one of Mylène Farmer's chorus:

Li, li, li, libertine
I am a trollop
So, so, so frangible
Let’s my hand be held
(Adaptation of mine)

I would be quite unable to say when this scene took place – just one thing for sure, it was the late 80s or the early 90s.
Of course, at the time, I didn't really understand what I was singing – they were very careful not to explain the lyrics to me – I just knew I was making the adults laught around me. That's a wonder indeed.

It's only a few years later that, helped by curiosity, I've started to dissect the lyrics a dictionary within reach. One of my primary school teachers had taught me through La Corrida by Francis Cabrel that there could be something else other than a simple story behind the lyrics of a song (see here).

First encounter: the albums Cendres de Lune Ainsi soit je… with Libertine Sans contrefaçon.

Capture Sans Contrefaçon ¤ DVD Timeless 2013 Le Film
Chorégraphie de Mylène Farmer & Christophe Dauchand
Costume de Jean-Paul Gaultier

Dans de précédents posts, j’ai évoqué Charles Baudelaire, j’ai évoqué Edgar Allan Poe, mais je n’ai toujours pas évoqué Mylène Farmer (seulement nommée une fois).

Et pourtant… notre Belle Rousse est à l’origine de mon amour des mots. Comment ne pas découvrir le plaisir des mots à la lecture de ses paroles ?
Mon avis est biaisé, il faut l’avouer, je suis tombée amoureuse de sa voix à la toute première écoute.


Pas de meilleure école pour apprendre à lire entre les lignes. Pas de meilleure école pour apprendre qu’on peut aussi jouer avec les mots.

Première leçon : l’album L’Autre… avec Je t’aime mélancolie.

In my previous posts, I delt with Charles Baudelaire, I delt with Edgar Allan Poe, but I never delt with Mylène Farmer so far (only named her once).

And yet... our Lovely Readhead is the source of my love for words. How can the pleasure of words not be discovered at the reading of her lyrics?
I've gotta confess, I'm biased, I fell in love with her voice at the very first listening.



No better training to learn how to read between the lines. No better training to learn that words can also be played with.

First lesson: the album L’Autre… with Je t'aime mélancolie.

Laurent Boutonnat
Capture Bonus DVD Mylène Farmer Stade de France

Ceci dit, avant mes débuts tués dans l’œuf, je n’avais pas encore écrit une seule ligne. Je m’adonnais à l’époque au dessin d’avions de chasse ou de vaisseaux spatiaux futuristes.

La toute première ligne fut écrite à l’occasion d’un exercice d’initiation à la poésie en 6ème. On devait choisir 3 mots dans une liste de 50 et écrire tout un poème à partir de là.
That being said, before my first step nipped in the bud, I hadn't even written a single line yet. At the time, I devoted myself to drawing fighter planes or futuristic spacecrafts.

The very first line was written upon an introduction exercise to poetry in 6th grade. We had to choose 3 words out of a list of 50 and write a whole poem from there.


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Mon goût pour Mylène Farmer est sans conteste l’une des raisons pour lesquelles ce tout premier poème se révèle plutôt sombre.

Honnêtement, il y a du rythme, ça rime, mais ça ne casse pas trois pattes à un canard non plus. Et pourtant mon prof de l’époque m’avait accusé de plagiat. Si c’est vraiment le cas, si vous avez déjà lu un poème y ressemblant fortement, n’hésitez surtout pas à me l’indiquer. Je serais la première étonnée : à par les paroles des chansons de Mylène Farmer, je ne lisais pas de poésie.
Dur, dur de plagier dans ces cas-là, vous ne trouvez pas ?

Premier album passé en boucle : Anamorphosée avec Alice, L’instant X, Rêver.

En fouillant un peu, je devrais pouvoir retrouver le dessin du tout premier portrait du livret quelques part dans un carton… à côté d’une reproduction d’une peluche de Babar, roi des éléphants

‘Fin bref…
Indisputably, my fondness for Mylène Farmer is one of the reasons why this very first poem proves to be quite bleak.

Honestly, there is rhythm, there is rhyme, but it wouldn't set the world on fire either. And yet, my teacher of then accused me of plagiarism. If that is indeed the case, if you have ever read a poem that strongly resembled it, please do point it out. I would be the first amazed: besides the lyrics of Mylène Farmer's songs, I hadn't read poetry.
Tough act plagiarizing in this case, don't you think?

First album listened to over and over: Anamorphosée with Alice, L’instant X, Rêver.

With a little digging, I should be able to find the drawing of the very first portrait of the libretto somewhere inside a cardboard box... next to the reproduction of a stuffed Babar, King of the Elephants

Whatev'...


Ce n’est que quelques années plus tard que j’ai repris la plume, à la suite d’un exercice de style poétique en 1ère qui m’a valu un regard étonné du prof…
It's only a few years later that I took up my pen again, following an exercise in poetical style in 11th grade that owned me an astonished look from the teacher...

Cliquez sur l'image pour agrandir ¤ Clic on the picture to enlarge

… avant de découvrir Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire. Le poème A une passante m’a tant parlé que j’en ai vraiment repris la plume et la lecture du recueil en entier. Au premier vers, le poème L’horloge m’était étrangement familier :
Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible
Ca ressemblait bizarrement à du Mylène Farmer, sauf que bon, c’était plutôt l’inverse.

Retour aux sources avec l’album Ainsi soit je… avec L’Horloge & Allan.


... before discovering The Flowers of Evil by Charles Baudelaire. The poem To a Woman Passing-By spoke so much to me that I really took up my pen again and resumed reading the entire collection. At the first line, the poem The Clock sounded eerily familiar:
Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible
It strangely resembled Mylène Farmer's work, well, except that was more like the opposite.

Return to the roots with the album Ainsi soit je… with L’Horloge & Allan.

Capture Je te dis tout¤ DVD Timeless 2013 Le Film
Mylène Farmer accompagnée au piano deYvan Cassar

FarmerBaudelairePoe.
Trois noms indissociables.

Plaisir des mots.
Plaisir d’écrire.
Plaisir du français et de l’anglais.

Seulement si Baudelaire et Poe n’ont eu qu’une reconnaissance posthume pour leur œuvre respective, ce n’est pas le cas de Mylène Farmer qui refuse la moindre récompense prestigieuse, y compris la Légion d’Honneur, le mannequin de cire à son effigie ou encore les quelques gouttes d’encre noyées au milieu d’un florilège de noms.

Au nom de Mylène Farmer on associe aussi ceux plus contemporains de Laurent Boutonnat (son binôme de toujours), François Hanss, Christophe Danchaud, Yvan Cassar ou encore Jean-Paul Gaultier, pour ne citer qu’eux.

Mylène Farmer, c’est aussi des concerts grandioses, des clips chiadés, une com’ étudiée, une artiste à part entière qui a su traverser les décennies sans se perdre.

Mylène Farmer, c’est surtout une voix d’ange déchu, un monstre sacré qui humanise d’une simple caresse des robots danseurs – ses « filles » – et fait rêver… et pourtant je ne suis pas une fana des robots, loin de là.
Farmer, Baudelaire, Poe.
Three indissociable names.

Pleasure of words.
Pleasure of writing.
Pleasure of French and English languages.

Only now, if Baudelaire and Poe only had posthumous recognition for their respective works, that's not the case of Mylène Farmer who refuses each and every prestigious rewards, including the Legion of Honour, the wax mannequin bearing her effigy or even the couple of ink drops lost in a crowd of names.

To the name of Mylène Farmer, the more contemporary ones of Laurent Boutonnat (her lifelong partner), François Hanss, Christophe Danchaud, Yvan Cassar or even Jean-Paul Gaultier are associated, to name but a few.

Mylène Farmer, it's also spectacular concerts, polished clips, a carefully designed communication, a full-fledged artist who was able to get through decades without losing herself.

Mylène Farmer, it's also and foremost the voice of a fallen angel, a legend whose simple stroke humanizes dancing robots – her “girls” – and the stuff dreams are made of... and yet I'm not a big fan of robots, far from it.


Interlude de Timeless 2013, arrangement de Schubert par Yvan Cassar,
Robots danseurs made in RoboLounge & Philippe Stegemann

Ma suite de mots s’intitule Rêve…

Si des fans de la Reine du Silence se perdent ici et y voient une sérieuse allusion à sa chanson Rêver, je pourrais difficilement le nier. Elle se veut même hommage à l’artiste.

My series of words is entitled Rêve…

If fans of the Queen of Silence got lost here and see in it a heavy allusion to her song Rêver, I couldn't possibly deny it. It's even supposed to be a tribute to the artist.

14 juil. 2014

[Fr] Poupées russes ¤ [En] Matryoshka Dolls

Source
[Fr]

[En]

Une idée me trottait dans la tête depuis un moment, un sacré moment. Seulement, cela n’a jamais été qu’une fausse bonne idée, jusqu’à ce que… je trouve enfin le bon fil rouge !

Je ne suis pas très sûre de savoir ce que la rédaction de mon précédent post a déclenché, toujours est-il que je tenais le bon bout : il y aura une pseudo-suite à Rêve…

Rêve… fut construit sur deux poèmes, la pseudo-suite le sera sur Rêve…

En tout cas, c’était l’idée de base. Il s’avère que la suite de mots sera construite sur une citation de Rêve… ET une autre de Pesanteur.

An idea has been running through my mind for a while, quite a damn long while. Problem is, it never was but a wrong good idea until… I finally found the right underlying theme!

I’m not quite sure what the writing of my last blogpost triggered, the fact remains that I was on the right track: there will be a pseudo-sequel to Rêve…

Rêve… was built on two poems, the pseudo-sequel will be on Rêve…

It was the basic idea anyhow. It turns out the series of words will be built on a quote from Rêve… AND another from Pesanteur.

Rêve... 
Collection A Majuscule | BookStory

Cela vous fera peut-être penser à Edgar Allan Poe et à son fameux poème The Raven (1845) qui renvoie à un autre Lenore (1843).

Le poème Lenore est centré sur la possibilité pour le narrateur et sa fiancée mourante de se retrouver au paradis ; The Raven s’achève sur le narrateur demandant au corbeau s’il reverra Lenore au Paradis.

Les deux poèmes sont indissociables.

Maybe it will remind you of Edgar Allan Poe and of his infamous poem The Raven (1845) referring to another Lenore (1843).

The poem Lenore is focused on the possibility for the narrator to meet again his dying fiancée in Paradise; The Raven ends on the narrator asking the raven if he would see Lenore again in Paradise.

Both poems are indissociable.

The Raven (1858)
Illustration de John Tenniel (1820-1914)

Allusion très lointaine à Edgar Allan Poe à part, la nouvelle suite de mots en cours de rédaction, basée sur au moins une citation de Rêve… et Pesanteur, s’intitule Echo…

Il y a plusieurs raisons à cela, mais pas de bol pour vous, les deux évoquées juste au-dessus seront les seules à l’être.

Quite a remote reference  to Edgar Allan Poe aside, the new ‘onwriting’ series of words, based at least on one quote from Rêve… and from Pesanteur, is entitled Echo…

There are quite a few reasons to this, but though luck for you, the two evoked just before will be the only ones.

Portrait de Edgar Allan Poe (circa 1849)
Reproduction d'un daguerréotype ayant appartenu à Sarah Anna Lewis

Si je ne vous donnerais évidemment pas ni la fin – déjà rédigée – ni l’intrigue, sachez toutefois que la citation d’introduction sera un poème de Sappho, qui n’a strictement rien à voir avec les extraits de Charles Baudelaire et de Edgar Allan Poe sur lesquels je n’arrivai pas à me décider.

Though I obviously won’t give you the end – already written – nor the plot, you should know however that the introductive quote will be a poem by Sappho, which has absolutely nothing to do with the excerpts from Charles Baudelaire’s work and from Edgar Allan Poe’s work on which I couldn’t decide.

Sappho embrassant sa lyre
Peinture de Jules Elie Delaunay (1828-1891)

Par contre, tout comme Rêve…, Echo… aura une ambiance gothique néo-romantique, il y aura une métaphore filée liée à l’escrime (comme quoi, la petite balle jaune n’est pas la seule à piquer mon intérêt) et je vous laisse les six premières lignes de ma nouvelle suite de mots :

On the other hand, just like Rêve…, Echo… will have a neo-romantic Gothic atmosphere, there will be an extended metaphor linked to fencing (which shows that the small yellow ball isn’t my only interest) and I will leave you with the six first lines of my new series of words:

La Lune pour soleil.
Le Soleil pour lune.
Rythme circadien bouleversé.
Un cœur inerte pour une vie sans couleur, ni saveur.
Ou presque.
Vie teintée de grenat, au goût métallique.
The Moon for sun.
The Sun for moon.
Upside down circadian cycle.
An inert heart for a colourless and tasteless life.
Or nearly so.
A life tinged with garnet, a bleak life tasting of metal.




5 juil. 2014

[Fr] Mordue ¤ [En] Enthralled

Lágrimas de piedra - En el confin de recuerdos

[Fr]
[En]

Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, mon dada, c’est la littérature gothique – victorienne ou contemporaine, peu importe.
Il y a un thème en particulier que j’adore – par-dessus tout, peut-être pas, mais que j’adore, ça oui !

Les vampires !

J’ai un tel faible pour ces créatures que j’y fais une allusion à peine voilée dans ma suite de mots Rêve…

Mais attention, pas n’importe quels vampires non plus !

Exit le vampire qui sort prendre le soleil en jouant les boules à facettes. Exit Meyer et la pudibonderie du vampire qui se refuse aussi à boire du sang humain !

Ame ou non, le vampire est un être sensuel, sexuel, envoûtant, mythique. Dracula, Lestat ou même Spike font rêver, Edouard Cullen pas vraiment.

Il y a une chose à ne pas oublier : le vampire est un mythe. Qui dit mythe, dit récit explicatif de phénomènes naturels mal compris.
Sauf erreur de ma part, il n’existe aucune maladie qui transforme la peau en diamant. Et quand bien même : une créature de la nuit qui se balade en plein soleil et brille de mille feux, c’est particulièrement ridicule.

For those who didn’t already know it, the Gothic literature is my hobbyhorse – victorian or contemporary, it doesn’t matter.
There is one particular theme that I love – above anything else, maybe not, but that I love, you bet!

Vampires!

I got such a crush for those creatures that I have made a barely thinly-veiled hint of it in my series of words Rêve…

But let’s be clear, not just any vampires either!

Out goes the vampire that sunbaths and plays disco ball. Out goes Meyer and out goes the prudishness of a vampire that refuses to feed off human blood!

Soul or not, vampires are sensual creatures – sexual, enthralling and mythical. Dracula, Lestat, even Spike are magnificent, Edward Cullen not so much.

Let’s not forget one thing: vampires are a myth. A myth means an explanatory tale of misunderstood natural phenomena.
Unless I’m mistaken, there is no such thing as illness altering skin into rock hard diamond. Regardless, a creature of the night that goes around under the sunlight and shines brightly is quite ridiculous.
Ma découverte du vampire s’est faite progressivement.

Fille de parents catho, ma toute première introduction à cette figure anti-catholique par excellence s’est faite en ’99 – chose surprenante – via la soirée familiale si l’en était à l’époque : la Trilogie du Samedi soir sur M6.
Vous l’aurez deviné, il s’agit de la série de Joss Whedon Buffy contre les Vampires.

Surprise dans un premier temps, puis retour à la réalité à la fin de la saison 4 quand ce qui était joliment implicite fut explicité et qu’il a été décrété que la série n’était plus sympa mais dégradante.
Bon !
Là, c’était clair : si j’avais envie d’aborder un certain sujet (l’homosexualité), cette soudaine censure m’avait déjà donné toutes les réponses.

The finding out of the vampire was progressive.

Daughter of a Catholic family, my first introduction to this archetypal anti-catholic figure happened in ’99 – oddly enough – via the family evening moment if ever there was one at the time: the Trilogie du Samedi soir on M6 channel.
You guessed it, I’m talking about Joss Whedon’s tv series Buffy the Vampire Slayer.

Surprise at first, then reality check at the end of season 4 when what that has been nicely implicit became explicit and it has been decided that the series no longer was fun but degrading.
Right!
I was crystal clear then: if I felt like broaching one peculiar subject (homosexuality), this sudden censoring already gave me all the answers.



En ’01, après cette prise de contact hetzienne, ma prof de français – Madame Windenberger – m’introduisait au vampire (Le vampire et Les métamorphoses du vampire), au Parnasse et au Spleen – rien que ça – avec un seul recueil : j’ai nommé Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire.
Ceci étant dit, la rencontre fut furtive. A l’époque, un seul poème avait vraiment retenu mon attention : A une passante.

In ’01, after this Hertzian first contact, my French teacher – Mrs Windenberger – introduced me to vampire (The Vampire et The Metamorphoses of the Vampire), to  Parnassianism and to Spleen – no less – with one volume only: I call Les Fleurs du Mal by Charles Baudelaire.
This being said, the encounter was furtive. At the time, only one poem really caught my attention: To a Woman Passing-by.

Mon engouement pour les vampires n’est venu que bien plus tard, en ’07. Je lisais alors mes tous premiers romans en anglais – Carmilla de Joseph Sheridan Le Fanu et Dracula de Bram Stoker – et m’initiais à la littérature gothique.

Cependant, si j’ai dévoré la nouvelle, j’ai eu bien du mal à aller au bout du roman épistolaire. Le genre épistolaire m’a un peu rebutée, sûrement une des raisons pour lesquelles je n’ai toujours pas lu les Liaisons dangereuses de Pierre-Ambroise-François Choderlos de Laclos (que j’ai en version papier et numérique, c’est dire que si l’intention est bien là, la motivation pas tant que ça).

My keen interest in vampires only came later on, in ’07. I was reading my first English-written novels – Carmilla by Joseph Sheridan Le Fanu and Dracula by Bram Stoker – and was learning the basics of Gothic literature.

However, if I devoured the short-story, I found it quite difficult to read the epistolary novel entirely. The epistolary genre slightly put me off , certainly one of the reasons why I still didn’t read The Dangerous Liaisons by Pierre-Ambroise-François Choderlos de Laclos (which I got in both soft and hard copy, which in itself says quite clearly that the intention is here, the motivation just isn’t).

Gravure de Carmilla par David Henry Friston (1820-1906)
Curieusement, et pour en revenir au vampire, ce n’est qu’après avoir vu le Dracula de Francis Ford Coppola post-roman que je me suis mise à dévorer les films, séries, livres et mangas sur le sujet – et il y en a pléthore !

Curiously, to go back to vampire, it’s only after the post-novel viewing of Francis Ford Coppola’s Dracula that I took up devouring films, tv series, books and mangas on the subject – and there’s a plethora of it!

Affiche du Dracula de Francis Ford Coppola (1992)

Le vampire me fascine – créature de la nuit, dangereuse, sensuelle au possible. Un ange de la Mort qui fait couler beaucoup d’encre, de larmes et de sang.

Mordue depuis ma lecture de Carmilla, j’ai envie d’écrire une suite de mots sur ce mythe. Une suite de mots qui explorerait une nouvelle facette, une vision nouvelle de son origine, tout en gardant l’essentiel du mythe.

Je ne compte plus les brouillons, les feuilles noircies, raturées, chiffonnées ou les cheveux arrachés de frustration à cause d’une idée branlante complètement farfelue !

Mais, mais, mais – parce que oui, il y a un mais – il serait bien possible que ce temps de frustration prenne fin incessamment sous peu avec la rédaction de ma pseudo-suite de Rêve…

Affaire à suivre donc !

The vampire figure intrigues me – creature of the night, dangerous, sensual if anything. A Death’s angel that has been the source of numerous works in ink, tears and blood.

Enthralled since my reading of Carmilla, I felt like writing a series of words on this myth. A series of words that would explore a new aspect, a new vision of its origin, and at the same time maintain the basics of it.

I have lost count of drafts, of leaves darkened with notes and crossing-outs or creased or of hair torn out out of frustration because of a completely hare-brained shaky idea!

But, but, but – because yes, there is a but – it might be possible that this time of frustration will shortly reach its end with the writing of the pseudo-sequel of my series of words Rêve…

Wait and see then!

Ne manquez pas la sortie cet automne du dernier film de Gary Shore librement inspiré du roman de Bram Stoker : Dracula Untold

Watch out for the upcoming release this autumn of the latest Gary Shore movie freely based on Bram Stoker’s novel: Dracula Untold

21 juin 2014

[Fr] Le temps ne fait rien à l'affaire ¤ [En] Time has nothing to do with it

Victor Hugo (1802-1885)
Château-fort au crépuscule

 [Fr]

 [En]

Georges Brassens et Grand Corps Malade pour vous parler de Victor Hugo.

Le premier fut récompensé par l’Académie Française, le second est Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres, le troisième fut élu à l’Académie Française. Rien que ça.

Un chanteur et un slameur pour un auteur. Trois noms, trois époques, trois poètes qui ont renouvelé et fait évoluer les codes de la poésie.
Brassens a mis des poèmes de Hugo en musique, Grand Corps Malade a fait un slam sur Les trompettes de la renommée de Brassens.

Pas besoin d’études pour ressentir, mais sans un brin de culture pas de mots possible à mettre sur ces maux.

Georges Brassens and Grand Corps Malade to talk about Victor Hugo.

The first one got an award from the Académie Française, the second is Chevalier of the Order of Arts and Letters, the third was elected to the Académie Française. No less.

A singer and a slamer for a writer. Tree nouns, tree epochs, tree poets who changed and broadened the codes of poetry.
Brassens put to music a few poems of Hugo, Grand Corps Malade made a slam of BrassensLes trompettes de la renommée.

No need for school to feel, but without the slightest bit of culture, no word can possibly be put on those sorrows.

La légende de la nonne ¤ Georges Brassens chante sur du Victor Hugo


Les trompettes de la renommée ¤ Grand Corps Malade slame sur du Georges Brassens

En France, c’est l’heure du Bac, les 1ères ES et S ont passé les écrits du français, le pauvre Hugo s’en est pris plein la gueule sur Twitter.

Certains morveux à la fibre littéraire inexistante se sont fendus de tweets aux noms d’oiseaux pour le moins fleuris, allant jusqu’à utiliser l’insulte « fils de pute. »

Certains morveux, une minorité qui occulte à mon avis une majorité de lecteurs plus ou moins passionnés.

Ces morveux qui, s’ils prenaient la peine de se pencher sur leur langue française, pourraient en déceler la beauté sans faire de grands efforts.

Certes la poésie est souvent obscure au premier abord. Je me souviens de mes impressions en 1èrej’étais une scientifique, pas du tout littéraire à l’époque – j’aimais pas la poésie, mais à petite dose ma prof en a distillé au fur et à mesure. Je trouvais ça bien compliqué, mais je trouvais ça chouette à l’oreille.
Du coup, j’ai eu envie de redonner une chance à la poésie. Mes premières tentatives en témoignent, j’y avais pas encore tout compris et je ne remercierais jamais assez cette prof – Madame Windenberger – qui m’avait encouragé à voir en dehors des normes académiques après lectures de mes « chefs d’œuvres. »

La littérature n’est pas innée, je ne le crois pas, elle s’apprivoise. Il faut apprendre à la connaître, et pour apprendre à la connaître, il faut s’intéresser à la langue.
Dès qu’on connait sa propre langue, on peut en jouer, s’en amuser et s’en servir d’arme.

Avant ma blessure, je lisais mais sans plus ; les mots c’était pas mon truc, mes poings parlaient souvent.
Après ma blessure, j’étais sans défense, j’ai dû chercher une autre arme, je me suis mise à écrire.
Sport, blessure, poésie – un peu à la manière de Grand Corps Malade – un peu seulement, soyons modeste.

In France, it’s time for the baccalauréat  or A level exams, the Economics (ES) and Maths & Science (S) 11th graders took their French written test, poor Hugo got his ass kicked on Twitter.

Some brats who are no born literary-minded persons indulged themselves of a few colorful name-calling tweets, going as far as calling Hugo a “son of a bitch.”

Some brats, a minority occulting I guess a majority of more or less enthusiast readers.

Those brats who, if only they took time and interest in the French language, could perceive its beauty without much effort.

Granted, at first, poetry is often obscure. I remember my impressions in 11th grade – I was a science person, not a literary one in the least at the time – I disliked poetry, in small doses my teacher gradually distillated some. It struck me as something quite complex, but that rang quite nicely.
This gave me the urge to give poetry a new go. My first attempts are testimony enough, I didn’t quite get it yet and I will never thank my teacher enough – Mrs Windenberger – for her encouragements and incentives to see outside the box of the academic norms after a reading of my “masterpieces.”

Literature is not an innate thing, I don’t think so, it is something you cultivate. You have to learn it to know it, and to do so, you have to get interested in the language.
As soon as you know your own language, you can play with it, make fun of it and use it as a force.

Before my being hurt, I have been reading but not much; words weren’t my thing, my fists often did the talk.
After my being hurt, I was defenseless, I had to look for another force, I took up writing.
Sports, wound, poetry – kinda in the style of Grand Corps Malade – just kinda, in all modesty.

La rencontre ¤ Grand Corps Malade
[…] 
J’ai rencontré la poésie, elle avait un air bien prétentieux, 
Elle prétendait qu’avec les mots, on pouvait traverser les cieux, 
Je lui ai dit « j’t’ai d’jà croisée et franchement, tu vaux pas le coup 
On m’a parlé de toi à l’école et t’avais l’air vraiment relou » 
Mais la poésie a insisté et m’a rattrapé sous d’autres formes 
J’ai compris qu’elle était cool et qu’on pouvait braver ses normes 
Je lui ai demandé « tu penses qu’on peut vivre ensemble, je crois que je suis accro » 
Elle m’a dit « t’inquiète, l’avenir appartient à ceux qui rêvent trop » 
[…]

[…] 
I have met poetry, she seemed quite mannered, 
She claimed that with words you could go across heavens, 
I told her “I’ve met ya before and honestly, you're not worth it 
School’s told me about you and sure you looked borin’” 
But poetry insisted and caught up with me in other forms 
I finally got she was easy goin’ and you could defy her norms 
I told her “you’d mind living with me, I think I’m an addict” 
She told me “no worries, the world belongs to those who dream quite a bit” 
[…]

Ce qui me révulse chez ces petits merdeux ignares, c’est la violence des propos à l’encontre de Victor Hugo !
On aime ou on n’aime pas, peu importe, mais le respect n’est facultatif pour personne. Chacun y a droit, le cœur mort ou le cœur battant.

Les classiques de la langue française (ou de n’importe quelle autre langue d’ailleurs) sont des classiques pour une raison, même si elle peut être obscure, voire incompréhensible quand la littérature n’est pas notre dada. Les classiques font partie d’une culture ; on ne peut apprendre une langue sans en connaître sa culture.

On peut reprocher à l’Education Nationale de s’enliser dans le classique pour les épreuves de français : à croire qu’il n’y a que les auteurs classiques qui méritent d’être étudier ; à croire qu’il n’y a que les auteurs classiques qui possèdent une plume enlevée et poétique.

C’est tellement plus facile d’appréhender sa langue avec des auteurs/poètes/chanteurs que l’on connait ou dont on voit les noms au quotidien.

Alors entre deux monstres sacrés de la littérature classique, pourquoi pas étudier des textes de Mylène Farmer, Calogéro, Zazie, Jean-Jacques Goldman, Lionel Florence, Francis Cabrel, Serge Lama ou encore Yann Tiersen ?

Pourquoi pas étudier des œuvres de Tahar Ben Jelloum, Aimé Césaire, Gao Xingjian, Jean d'Ormesson, Michel Houellebecq ou encore d’Amélie Nothomb ?

Je me souviens qu’en CM2, mon instituteur – Monsieur Ferrar, il me semble – nous a fait écouter La corrida de Cabrel avec pour unique consigne d’essayer de deviner de quel point de vue la chanson était écrite. C’est une des rares fois que j’ai adoré « faire du français » avant le lycée. C’est plutôt chouette comme façon de découvrir sa langue, non ?

L’année suivante, j’entrais en 6ème, j’écrivais mon tout premier poème pour être accusé de plagiat par mon prof de français, Monsieur Allain.
Ca refroidit.
Il aura fallu un accident et la découverte du poème A une passante de Baudelaire pour que je reprenne la plume.

What’s revolting me with those ignorant brats is the violence behind the words towards Victor Hugo!
You like or you don’t, whatever, but respect is optional for no one. Each of us is entitled to it, the heart dead cold or beating warm.

The classics of the French language (or of any other language for that matters) are classics for a reason, even though it may be obscure, if not inexplicable when literature is not your hobbyhorse. Classics are part of a culture; you can’t learn a language without knowing of its culture.

The  French Education Department can be blamed for getting bogged down in classic standards for the French tests: you would think that classical authors are the only one worth studying; you would think that classical authors are the only spirited and poetic wordsmiths.

It is so much easier to comprehend your own language with writers/poets/singers you know or whose names you see on a daily basis.

So in-between legends of the classical literature, why not studying some texts of Mylène Farmer, Calogéro, Zazie, Jean-Jacques Goldman, Lionel Florence, Francis Cabrel, Serge Lama or even Yann Tiersen?

Why not studying works of Tahar Ben Jelloum, Aimé Césaire, Gao Xingjian, Jean d'Ormesson, Michel Houellebecq or even of Amélie Nothomb?

In 5th grade, I remember my primary school teacher Mr Ferrar, I think – playing us La corrida by Cabrel with for only assignment to try and guess which point of view the song had been written from. That was one of the rare occasions I loved “doing French” before senior high school. It’s quite a nice way to discover your language, isn’t it?

The next year, I was in 6th grade, I was writing my very first poem to be accused of plagiarism by my French teacher, Mr Allain.
Quite a way to put a damper on.
An accident and the discovery of Baudelaire’s poem To A Woman Passing-by have been necessary for me to decide and take up a pen again.

La corrida ¤ Francis Cabrel

La question qui se pose vraiment c’est pourquoi une telle réaction ? Ou plutôt comment en est-on arrivé à ce qu’une telle réaction soit même possible ?
L’éducation à deux vitesses n’est une nouvelle pour personne, les écarts de niveaux se ressentent d’une académie à une autre quand ce n’est pas d’une classe à une autre. Fille de militaire, je parle d’expérience. La ville de déménagement se faisait moins en fonction de la proximité de l’affectation qu’en fonction du niveau des collèges et lycées.

Grand Corps Malade en fait la critique dans un de ses slams – L’Education Nationale – et met les points sur les i pour un état qui s’amuse à les ignorer en prenant le problème par le mauvais bout.

The question that pops up to mind is why such a reaction? Or more accurately how could it have even possibly come to this kind of reaction?
The two-speed education is no news for anyone, the discrepancy shows between academies when not between classes. Military’s daughter, I know it from experience. The place where we would move in depended more on the educational level of high schools than on the proximity of the posting.

Grand Corps Malade made a critic of it in one of his slams – L’Education Nationale – doting some I’s and crossing some T’s for a government spending its time ignoring them by taking the problem on the wrong angle.

L’éducation nationale ¤ Grand Corps Malade

Si on ajoute à cela la crise très actuelle des intermittents du spectacle, la culture française comme on la connaît risque de se casser la gueule en beauté et de mourir tout simplement.

Une Education Nationale qui s’enlise, un monde du spectacle qui s’essouffle, une culture qui s’asphyxie. Une culture qui ne vit plus, c’est une civilisation qui meurt. Tableau bien noir.

Et tant que le gouvernement n’y remédiera pas, comme dirait l’autre : « le temps ne fait rien à l’affaire, quand on est con, on est con. »

If to this you add the very current crisis of the temporary show-business workers, the French culture as we know it might take a tumble with a blast and die altogether.

An Educational Department getting bogged down, an entertainment industry running out of steam, a culture suffocating. A culture that is not alive anymore is a dying civilization. Quite a dark situation.

And as long as the government does nothing about it, as one might say: “Time has nothing to do with it, when you’re a jerk, you’re a jerk.”

Le temps ne fait rien à l’affaire ¤ George Brassens

Au passage, pour la petite info pas si inutile : Victor Hugo, Georges Brassens et Grand Corps Malade, en plus d’être poètes, ont un autre point commun, chacun a fait l’objet d’un sujet du bac.

Et pour le plaisir, un dernier slam et un passage en particulier.

By the way, for the not so useless record: Victor Hugo, Georges Brassens and Grand Corps Malade, besides being poets, they have another common denominator, they three have been the object of a baccalaureat’s subject.

Just for the fun of it, one last slam and one specific passage.

Toucher l’instant ¤ Grand Corps Malade
[…]
Il existe paraît-il, un instant dans l'écriture
Qui oublie la page blanche et efface les ratures
Un véritable état second, une espèce de transe
Qui apparaît mystérieusement et s'envole en silence
[…]

[…] 
They exist so it seems those moments when you write 
That blot out the blank page and delete the crossing-out 
A real second state, kind of like a trance 
That mysteriously appears and flies away in silence 
[…]